dimanche 24 août 2008

la folie de l'invention ! Nikola Tesla

Nikola Tesla, La folie de l’invention !

"Le jour où la science commencera à s’intéresser aux phénomènes non physiques, elle fera plus de progrès en une décennie que dans tous les siècles de son existence." (basé sur le livre Tesla, la passion d’inventer (éd. Belin) de Margaret CHENEY)

Nikola Tesla naît en Croatie en 1856. Il passe sa jeunesse en Europe de l’Est où ses dons extraordinaires lui valent une célébrité précoce. Surdoué, il est capable de réaliser de tête des équations mathématiques hautement complexes, sans table ni règle de calcul. Il parle six langues et sa mémoire visuelle est stupéfiante ; ainsi parvient-il à estimer certaines distances à l’oeil nu, au dixième de millimètre près ! Plus impressionants, sont ses phénoménaux pouvoirs de visualisation : doté d’une imagination extraordinaire, Tesla conceptualise une machine, la construit, la teste et en rectifie les erreurs... de tête. Si bien que toutes ses inventions sont virtuellement parfaites dès leur fabrication. Il dessine par exemple les plans d’un moteur "à champ magnétique rotatif" dès les années 1880, ce même moteur "à induction" qui est encore utilisé de nos jours dans la plupart des appareils domestiques ou industriels ! Un génie.

Mais son domaine de prédilection, c’est l’électricité. Elle en est encore à ses balbutiements. Dès le début de ses études, il stupéfie déjà ses professeurs par sa capacité à dépasser de beaucoup leur propre entendement ! L’élève distance rapidement ses maîtres de la vieille Europe ; il ne lui manque plus que d’aller à la conquête du Nouveau Monde. Tesla débarque en Amérique en 1884. Là-bas, qui dit électricité dit Thomas Edison - l’inventeur de l’ampoule. C’est donc avec lui que le scientifique croate travaille tout d’abord. Mais le courant passe mal entre les deux hommes. Gênant quand on travaille sur l’électricié ! Tesla voit en Edison un homme d’affaires dénué de tout scrupule, avant tout soucieux de vendre l’électricité le plus cher possible. Hors lui-même tente de mettre au point un système permettant l’alimentation gratuite pour tous ! Ils se brouillent définitivement à l’occasion d’un différend touchant un partage de royalties. Désormais, Tesla travaillera seul. Il emménage dans un laboratoire à Colorado Spring. Son ambition est de prouver que la télégraphie sans fil est possible vers n’importe quel point du globe. Selon sa théorie, le monde serait un condensateur naturel - un peu à la façon d’un diapason. Il pourrait donc être utilisé pour transmettre des ondes électriques émises depuis un émetteur central. Ondes qui pourraient être captées par des récepteurs placés n’importe où sur la planète.

C’est dans le but de démontrer l’exactitude de cette théorie qu’il installe sur le toît de son laboratoire un émetteur-récepteur. L’idée est d’envoyer une onde électrique autour de la planète et de la capter à son retour. Et comme une onde unique perdrait trop de son intensité de fait de la distance, Tesla prévoit d’émettre une succession de pulsations électriques afin de créer un cycle continu d’une intensité croissante. C’est en 1889 que Tesla se décide à tenter cette dangereuse expérience. Les habitants du voisinage sont habitués aux travaux du savant - n’a-t-il pas déjà réussi à illuminer 200 ampoules à une distance de 40 kms sans utiliser de fil ? Tout au plus certains trouvent-ils un tantinet excentrique le mât de 60m qui surplombe le laboratoire, lui-même coiffé d’un globe de cuivre. Mais l’effrayante scène à laquelle ils assistent à ce jour-là ne ressemble à rien de ce qu’ils ont vu auparavant. Du globe de cuivre jailli d’abord un grand éclair. Puis la petite langue de foudre grandit peu à peu pour devenir un immense arc électrique, qui crépite dans le ciel à près de 50m du sol. Des coups de tonnerre éclatent. Tout autour du laboratoire, la pelouse se met à luire comme si elle était devenue phosphorescente. Des bornes à incendie environnantes jaillissent des jets d’étincelles longs de 10cm. Le simple fait de marcher provoque une décharge électrique qui va du pied jusqu’au trottoir... Le monde entier semble électrisé. Dans ce jardin traversé d’éclairs, une silhouette irréelle : le docteur Tesla surveille son expérience, juché sur des semelles compensées en caoutchouc - un isolant. La génératrice municipale d’électricité finit par rendre l’âme. Elle n’a pas supporté l’afflux dévastateur d’énergie. Ses circuits ont fondu... Tesla venait d’établir le record - qui tient toujours - de l’étincelle artificielle ayant eu la plus longue durée de vie. Le croate démontrait ainsi sa capacité à déchaîner la foudre et le chaos !

Un an après cette expérience, Tesla part pour New-York et commence la construction de son premier émetteur sans fil, installé au sommet d’une tour. Pour financer son projet il parvient à convaincre le millionaire John Jacob Astor et l’avisé financier John Pierpont Morgan. L’édification de la tour, baptisée Wardenclyffe, est donc entreprise à Long Island. Le chantier dure trois années. Tesla annonce alors une autre avancée technique : à condition de coupler ses émetteurs à une source d’énergie assez puissante, il espère pouvoir transformer la croûte terrestre en une prise électrique géante ! Selon Tesla, pour obtenir toute l’électricité dont l’humanité aurait besoin, il suffirait d’enfoncer une tige dans le sol et de la relier à un transformateur. Quant à l’énergie initiale, elle serait produite en utilisant des centrales hydro-électriques. Théorie qui ouvre des perspectives infinies : l’électricité gratuite pour tous ! Mais le projet de Tesla recèle aussi une puissance de destruction terrifiante. Que se passerait-il en effet si au lieu d’être répartie équitablement sur la planète, toute l’électricité était dirigée sur un seul point du globe ? Selon les calcul de Tesla, l’émetteur pourrait fournir une puissance représentant 100 milliard de Watts. Focalisée pendant une courte période sur une seule fréquence, cela reviendrait à produire une force de 10^10 puissance 16 joules ! Ce qui correspond à dix mégatonnes de TNT... soit à peu près la puissancede l’explosion qui eut lieu à Toungouska. Ainsi Tesla tenait-il au bout des doigts une arme redoutable, aussi puissante que la bombe atomique, qui pouvait être dirigée vers n’importe quel point du globe.

"Il me sera bientôt possible de fabriquer des émetteurs capables de détruire n’importe quel point de la planète."

Mais Tesla ne devait jamais avoir l’occasion de la démontrer. En 1903, Morgan lui retire son soutien. Cette année là, New-York connaît un krash boursier. Mais le lâchage ne semble pas uniquement dicté par ce revers de fortune. En fait, Morgan craint que l’inventeur qui n’en fait qu’à sa tête ne devienne incontrôlable. Un "rayon de la mort" est encore tout à fait admissible. Mais alimenter le monde entier en électricité gratuitement ne l’est absolument pas... Après tout, les affaires sont les affaires. Autre coup dur pour Tesla, tous les industriels qui désirent développer la télégraphie sans fil ont vite compris que la méthode mise au point par Marconi en 1896 est beaucoup moins onéreuse que celle de T. Edison et les nombreux détracteurs de Tesla ne manquent pasde la dire à qui veut l’entendre... En désespoir de cause, le Croate se tourne alors vers G. Westinghouse, inventeur et industriel américain. Mais celui-ci, tout comme Morgan, ne voit aucun bénéfice à retirer d’un tel projet. Abandonné de tous, Tesla est couvert de dettes. Son laboratoire de Colorado Spring est vendu afin de régler des créances modiques - 180 dollars d’électricité et 927 dollars pour le salaire de l’homme à tout faire. Dès 1906, il ne lui reste plus assez d’argent pour rénumérer les employés de Warsenclyffe et régler les frais de fonctionnement de l’énorme nstallation. Le dôme en métal n’abrite bientôt plus que des salles vides.

Pourtant, malgré une dépression nerveuse, Tesla poursuit ses efforts. Comme en ce début de siècle, le monde se lance dans une folle course aux armements - qui conduira à la 1ère guerre mondiale -, Tesla met l’accent sur le potentiel destructeur de son invention. On note ainsi qu’il revendique ni ne nie sa responsabilité quand, en 1907, le vaisseau français Iena explose dans des conditions étranges. Etrange coïncidence : l’inventeur avait affirmé peu de temps auparavent que son émetteur pouvait envoyer des ondes "d’une intensité suffiante pour créer une étincelle dans la soute aux munitions d’un bateau et le faire exploser". Or, le dôme Wardenclyffe, malgré l’absence de personnel, est encore pleinement opérationnel. Le docteur Tesla se serait-il offert un petit essai, en grandeur nature, sur le vaisseau français ? Mais l’affaire du "rayon de la mort" ne s’arrête pas là. En Avril 1908, Tesla vante à un journaliste les effets dévastateurs de son invention... Huit mois plus tard a lieu la catastrophe inexplicable de Toungouska. Simple coïncidence là encore !? Ou bien Tesla aurait-il fait fonctionner sa machine pour démontrer son efficacité, séduire d’éventuels commanditaires ? Mais pourquoi alors choisir Toungouska, ce coin perdu au fin fond de la forêt de la Sibérie ? Mais justement cette année là, Roberts Peary se lançait, à grands renforts de publicité, dans son expédition vers le pôle nord. Si Tesla désirait attirer l’attention du monde entier sur son "rayon de la mort", y avait-il meilleur moyen que de provoquer une énorme explosion sur la route même que Peary devait emprunter ? Malgré tout Tesla ne trouva pas de nouveaux mécènes ou commenditaires ; en 1915, il doit vendre Wardenclyffe afin de régler ses notes d’hôtel. En 1917, l’installation est rasée. Un grand rêve qui finit à la casse...

Durant les années 20, Tesla se réfugie dans un exil volontaire. C’est au cours de cette décennie qu’on commence à s’intéresser à ses inventions. En 1924, un scientifique du nom de Grindell-Mathews annonce la construction d’un "rayon diabolique"qui ressemble furieusement à celui de Tesla. Circulent également des rumeurs selon lesquelles les Soviétiques auraient développé un système de défense anti-aérien basé sur les principes de l’électromagnétisme. Tout à coup, Tesla revient sur le devant de la scène. Il prend l’habitude de faire une déclaration le dix juillet (date de son anniversaire) de chaque année, au cours de laquelle il présente sa vision personnelle de l’avenir de l’électricité. Ces dires sont tellement en décalage avec son temps qu’ils sont généralement tenus pour des lubies. Jusqu’en 1935, il espère ainsi convaincre Morgan de financer l’élaboration d’un systèmede défense utilisant un faisceau à particules... En vain.

Tesla meurt en 1943. Jusqu’au bout, ce visionnaire aura défendu ses inventions et ses théories envers et contre tous. Peu de temps après, son laboratoire brûle dans des circonstances étranges. Le mystère et la solitude qui avaient entouré son existence semblaient également vouloir l’accompagner par-delà le trépas. 58 ans plus tard, le voile n’est toujours pas levé...

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